Réserve

6 07. > 7 09. 2025.


Lou Lolita Arnon

Jérémy Asmont

Julie Autin

Marion Delage

Stéphane Étroit Desmarest

Aurélie Gatet

Vanessa Le Bars

Isabelle Le Morvan

Lionel Redon

Étienne Rivière

Entre abondance et raréfaction, réticence et foison, opulence et limitation, distance et provision, la réserve se révèle dans une surenchère de discrétions, plus ou moins.



Salle 1


Lou Lolita Arnon

 Clairière

 2024-2025

 Plâtre, eau, cire

 233x268x260 cm

Détail

La chauffe du gypse suivie du broyage donne le plâtre. Dans sa rencontre avec l’eau, il retrouve sa mémoire de minéral et se fige, ici en concrétions, en coulées, comme autant de sentinelles d’un espace immaculé.




 Isabelle Le Morvan

 Humeurs

 2025

 Diptyque

 Aquarelle sur papier Nuage

 250x262 cm l’ensemble

Détail

La suffusion désigne un épanchement de sang dans l’épiderme mais aussi le veinage rouge ou rose dans les pétales blancs des fleurs. Un entrelacs discret, entre peau et nuage, émanations et effluves, pigments et papier.



Salle 2


 Jérémy Asmont

 Précipité

 2025

 Cyanotypes sur sept plaques de verre,

malle de transport en bois

 54x48 cm chaque élément

Détails

Alchimie de l’effacement par réduction puis oxydation.

La réserve est ici oxygène d’un silence attendu.

Ponctuation de l’imaginaire.




 Stéphane Étroit Desmarest

 Névé

 2025

 Mine graphite sur papier Hahnemühle, glace

 récupérateur d’eau, étagères

 Dimensions variables

Détail

15 août 1942. Partis nourrir leurs bêtes dans les alpages suisses, Francine et Marcelin sont rapidement portés disparus dans les neiges du versant valaisan des Diablerets.

13 juillet 2017. La fonte du glacier de Tsanfleuron les ramène aux vivants.




 Vanessa Le Bars

 Sédimentation douce

 2025

 Projection vidéo de 175 scans de résidus de filtre de sèche-linge

 27’

Diffusion en boucle

Détails

Fibres textiles, cheveux, poils, débris déposés couche après couche ; une sédimentation douce de traces humaines.

Les images défilent lentement, une à une. Entre chaque image, un fondu au blanc : coup de propre, rituel de l’effacement. La précédente disparaît dans la suivante, avalée par la lumière comme par le temps.

Un inventaire lent de l’oubli.




Vanessa Le Bars

 Ce qu’il reste des autres

 2025

 Ouate, poussières, fibres textiles, résidus organiques

 130x160 cm (dépliée)

Détail

Ils ont dormi là.

Ils ont replié les draps, refermé la porte, et sont repartis.

Il ne reste rien.

Ou presque.

Des poussières recueillies dans la tiédeur du tambour.

Des fibres mêlées, des fragments d’eux.

Je les assemble, sans les nommer, pour tisser une couverture de passage.



Salle 3


 Julie Autin

 Bosch Bijou

 2023

 Mine graphite sur papier

 30x42 cm (hors cadre)

Détail

Bosch, bijou.

Brusque bourrasque, et voilà Bijou, bizarrerie de chien poitevin, bondissant dans les brumes.

Balancé, bousculé, belles babines battues par le vent. Le voilà balloté dans les balivernes d’un Bosch fantasque.

Boussole bouleversée. Beauté burlesque. Balade bénie pour battre les bornes du banal, Saucisse, en réserve sur le blanc brut du papier, borde le dessin.




 Marion Delage

 Écorce

 2025

 Plâtre, contreplaqué de peuplier

 267x40x40 cm

Détail

Par la fenêtre il y a une peupleraie.

Elle se découpe à la verticale dans l'encadrement.

Les troncs élancés rythment l'horizon.

Le jour s'y achève et contraste le dessin.

Parfois, quand les arbres sont en feuilles et que le vent s'y engouffre, on les entend chanter.




 Étienne Rivière

 Système pseudo-isolé

 2025

 Tuyaux, bois

 220x50x50 cm

Détail

"Un système est pseudo-isolé si les forces qui s'exercent sur lui se compensent."



Salle 4


Stéphane Étroit Desmarest

In fine

2025

Bocaux, haut-parleurs, sons, console

Durées variables

Diffusion en boucle

Musique par Chocolate Queens, Losses, 2025

125x151x31 cm l'ensemble

Détail

Les derniers propos de livres traitant de la finitude, de la clôture et de la disparation s’entrecroisent, discrets, étouffés, soufflés dans la transparence du verre.

Éperdument perdus.




 Aurélie Gatet

Portraits de Rembrandt

2025...

Reproductions découpées et collées sur papier 200 g, acrylique

Rembrandt, Autoportraits de Pascal Bonafoux, Éditions Skira, Genève, 1985

40x40 cm chaque élément

Détail

Je sors de ma réserve et, pour une fois, je ne fais pas figure d’artiste !

Je tape dans l’histoire de l’art pour qu’elle m’ouvre la porte.

Je suis d’une génération où les maîtres étaient au masculin dans les musées.

Rembrandt fait partie de ceux-là, il fait figure sur ses toiles, il m’inspire.

Je m’empare de son image et, en peinture, je transforme ses autoportraits en portraits : je l’imagine !




 Lionel Redon

CTRL+ALT+A/Manque

2024

Huile sur toile

195x114 cm

Détails

ChatGPT, mardi 10 juin, 19h20

 

CTRL+ALT+A/Manque interroge la notion de réserve — de ce qui reste, de ce qui peut advenir.

Ce qui reste : ce chevalet placé au centre du tableau sur un sol craquelé, aride, presque post-apocalyptique. Cet environnement parle d’épuisement, de sécheresse, de crise.

Ce qui peut advenir : sur la toile blanche au centre du tableau, rien n’est peint, rien n’est encore peint : un espace vierge, préservé, comme une promesse ou un sursis.

Le contraste entre la brutalité du sol desséché et la toile immaculée évoque une tension : faut-il peindre ce qui est, ou imaginer ce qui pourrait être ?

La réserve devient alors autant physique que symbolique  une réserve d’eau, de ressources, d’idées, ou d’espoir.